renaissance d'un cotre des glénans

je vous ai beaucoup parlé et montré ce qu'avait été les travaux sur l'extérieur de "la Mauresque",alors que pour ce qui est de l'intérieur,vous savez en fait peu de choses...Il est vrai que je n'ai pas beaucoup d'archives sur cette partie,et il ne m'a pas paru interressant d'en parler car ça n'a pas été un gros boulot technique,ça n'est pas très difficile de monter des caissons adaptés à une coque un peu plus ronde que les murs d'un appartement(quoique certains certains appart',pour ceux qui travaillent dans le bâtiment!)...Et les stades transitoires ne sont pas super passionnants à décrire.
  Mais je pense que ça vaut le coup de faire une petite visite dans l'antre de "la Mauresque",au moins en images.
En entrant dans la cabine ,on trouve sur notre droite(tribord) une petite couchette de 1m95 par 85 cm,dite  cercueil,très confortable pour une personne.On peut y entrer à 2 adultes,mais il faut être très amoureux!

Sur notre gauche,on trouve le petit chauffage "Taylor's" qui marche au fuel,au gazole,au kerdane,et je suis sur qu'en insistant un peu,on peut le faire marcher à l'huile de vidange!C'est un joli poële marin,qui donc marche en navigation même sous gite,et qui assure malgré sa petite taille (non ce n'est pas une cafetière!),un bon 20° dedans quand il fait en dessous de 0° dehors,et cela bien avant le réglage maxi!
On peut voir à coté le petit réchaud à gaz qui m'a quand même mijoté des bons pot-au-feu pour 6 personnes,et qui s'allume au piezzo!Ah,la modernité...

                                                                                                                                                  voici le bloc cuisine complet,avec le petit évier entouré de sa mosaïque,le fameux réchaud,et les équipets en acajou faits-maison

Voici le carré,toujours fait-maison (de toutes façon il n'y a rien d'origine,j'ai tout refait!),avec la sellerie en skaï marin et sa petite table et ses trappes a secrets,qui fait office de table à carte, et qui en se rabaissant au niveau du plancher se transforme en lit double!

Voilà ce que vous voyez si vous vous asseyez à babord(je vais pas vous faire le coté tribord,vous aurez qu'à vous déplacer...)

Et voilà enfin la cabine avant,plus grande que la pointe avant de certains bateaux de douze metres!

voilà pour la petite visite!Il y a encore quelques petites finitions à faire,autant dedans que dehors,mais je pense que je n'en ai pas pour plus de deux semaines.
  En attendant,pour en revenir au titre de ce message,voilà ce qu'a fait "la  Mauresque" aujourd'hui:

C'était cet après-midi,par un pétole de force 1 à 2!,on filait nos bons 2 noeuds,peut-être deux et demi dans les risées...En tout cas ça m'a fait plaisir de refaire naviguer à la voile(on n'a pas allumer le moteur depuis le départ,jusqu'à l' arrivée!) ce joli bateau aprés six ans de stagnation,dont trois de chantier intensif!,et même si ce n'est qu'à l'intérieur des bassins du port,c'était un bon moment.
Elle est quand même plus joli que comme ça:

mais si regardez bien!

Lorsque j'ai décidé de vendre "la Mauresque" pour la bonne et simple raison que j'achetais un bateau plus grand avec mon amie,beaucoup de choses n'étaient pas finies dedans.La plupart de l'emménagement était construit,mais n'avait reçu qu'une couche de vernis.Il y avait des trous aussi(à coté du poêle notament!),et au niveau équipement,ce n'était pas super complet:pas d'électricité,20 litres de réserve de flotte en tout et pour tout,l'accastillage n'était même pas encore posé,et le moteur encore moins installé!!!
Et le nouveau bateau qui arrivait sur lequel il y avait des travaux de première urgence a effectuer,n'arrangeait pas la sauce pour ce qui était de me faire avancer...
J'ai fini quand même par installer 2 réservoirs rigides de 75 litre d'eau,ce qui m'a coûté de refaire entièrement à neuf la cabine avant!,installer de A à Z le moteur Renault-Couach diesel de 9 chevaux(modification du berceau du moteur,alignement,trouver la manière de câbler notament la Dynastar pour que ça démarre ET que ça charge!;etc...),refaire toute l'électricité du bord,poser les winches,pontets,pouleyage,taquets(faits-maisons en ipé!),etc...,et récemment,finir l'intérieur(derniers meubles,vaigrages en intégralité,petites baguettes,et diverses finitions,vernis et peintures...).Tout ceci en moins de 52 week-ends!(sans compter ceux où je n'était pas dispo).
    Bref tout était à peu prés fini et je pensais mettre en vente mon bateau sereinement,jusqu'à ce que je m'aperçoive d'un défaut qui n'existait pas il y a un mois...Sur le haut de hiloire de roof tribord,une légère fissure commençait à apparaitre.En fait,il s'agit d'un placage de contreplaqué collé" à l'hiloire massif d'origine.      Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher d'y jeter un coup d'oeil,avec un ciseau a bois bien entendu...                        De ce qu'était mon rouf auparavant... 

Il en advint rapidement ça:

    L'eau s'était infiltré entre le placage de contreplaqué et l'hiloire d'origine.Ca avait été collé avec de la colle polyuoréthane expensive et ça avait tenu environ dix ans.Ni le contreplaqué,ni l'hiloire en acajou massif n'étaient atteints de pouriture,et j'aurais bien pu reboucher tout ça en stratifiant les fissures,on n'aurait pas   constater les dégats avant 3 ou 4 ans.De plus ça m'aurait coûté moins cher et pris moins de temps...                  Bref,j'ai fait autrement,j'ai démonté tout ce contreplaqué(qui tenait encore trés bien sur 90% de la surface...),j'ai redémonté les hublots et je me suis en oeuvre pour refaire tout ça avec un joli contreplaqué marine ,cette fois-ci (le précédent était un classique contreplaqué extérieur en oukoumé/peuplier,qui n'est pas conseillé en usage extérieur sur les bateaux),que j'ai laissé vernis.

   La Mauresque porte ses nouveaux hiloires de rouf,collés cette fois-ci à l'époxy

Ca m'a pris deux semaines en tout et pour tout,et ceci en plein coeur de l'hiver(il a neigé le lendemain où j'ai eu fini de tout démonter!).Malgré cela,j'ai réussi à trouver les créneaux de température et d'hygronométrie pourtravailler l'époxy dans de bonnes conditions.J'ai bien-sûr stratifié la liaison du toit et des hiloires cette fois-ci,pour éviter que le probleme ne réapparaisse ultérieurement.

                                                                        
                                                                                                         Et voilà le travail!Les hiloires sont vernis,les contours de hublots ont été entierement décapés et revernis aussi,les plexis polishés,et j'ai même réussi à rendre le bateau complètement étanche!(chose extrèmement rare sur un bateau en bois...)                                                                                                                                                                                                                                                                                                  J'avais bien vu un début de quelquechose à cet endroit à l'époque où je refaisait la coque,et j'avais consciencieusement injecté de la résine époxy dans cette première fente qui se formait à l'époque.J'aurais su que j'en arriverai là trois ans après,j'aurais certainement effectué cette opération à l'époque.                                Il y a des fois où on pense qu'on a tout fait parfaitement et que tel petit détail moins bien traîté n'ira pas entâcher    le résultat global,et le temps passant il vous rappelle que c'était beaucoup plus important que prévu...                                                                                                                                                                                        En tout cas je suis très content du résultat,je trouve même que ça embellit "la Mauresque"!

J'aurais peut-être dû commencer par là,et pourtant ce sera ma conclusion!
L'histoire que j'ai eu avec ce bateau est assez particulière:j'ai acheté ce bateau en 1999 en rentrant d'un voyage de deux ans en bateau-stop,et il me fallait un logement.Je suis tombé sur cette pauvre "Mauresque" qui était à l'époque déjà bien malade!Il y avait trois trou d'un bon mètre carré chacun à refaire,le bateau était à sec.Je n'était pas menuisier et j'avais toujours fuit les bateau en bois!
Mais bon,dans un port,on arrive toujours à trouver quelqu'un qui saura vous conseiller correctement.
J'ai donc retapé une première fois la coque de mon petit cotre,certes beaucoup plus sommairement que cette fois-ci.
Au printemps 2000,je me suis mis en tête de décaper le pont pour voir l'état et refaire ce qu'il y aurait à refaire.Le bois mis à nu,j'ai tout résiné et je pensais être tranquille malgré quelques signes de faiblesse,mais qui ne m'empêcheraient pas de naviguer!
L'année suivante,j'ai fait une sortie qui m'a révélé tout ce qui n'allait pas.Je suis rentré au port et j'ai démonté le pont et l'ai refait à neuf!
             

2001:démontage et réfection intégrale du pont avant de "La Mauresque"

Une fois le pont refait,je me suis attaqué à l'intérieur.En conservant la base,j'ai rajouté un coin toilettes,une vrai table de carré et autres étagères qu'il a fallut refaire à neuf lorsque j'ai refait la coque!
J'ai remplacé le vieux moteur a essence"NC1" Couach,par un plus récent"RC 9D",tout aussi rustique,mais qui marche lui parfaitement.
Bref,j'ai refait ce bateau quasiment à neuf,j'ai navigué avec peut-être 30 milles nautiques et au moment où le bateau est fin prêt à partir,et bien je suis obligé de le vendre!...
C'est vrai que ça me rend triste d'avoir passé tant de temps à reconstruire ce bateau pour finalement ne pas en profiter,mais j'espère que mon futur successeur saura lui,en profiter,et faire faire de beaux voyages à "La Mauresque"!
                    

De "la Mauresque" à "la Mauresque" 1999-2006.

Cependant,j'ai appris une chose en refaisant ce bateau,c'est un vieux principe,mais il reste tres vrai:tant que toutes les cartes ne sont pas jouées,il ne faut pas abandonner.
Maintenant,ce vieux bateau qui était complètement fouttu,quasi voué à la casse,a été refait en un et demi avec peu de moyen(environ 5000 euros dépensé en vingt mois,soit  250 euros par mois).Il est vrai que pendant cette période,la vie à bord était difficile,et monsalut n'est dû qu'à l'achat d'un vieux camion que j'avais aménagé,pour éviter de payer un loyer.Mais avec 500 euros d'alloc par mois je m'en suis bien sorti.De plus,dans n'importe quel port du monde(je l'ai vécu ça aussi!),à partir du moment où on installe deux tréteaux et qu'on commence à"triturer" des bouts de bois,il se pointe toujours unpersonnage pour avoir un boulot à vous faire faire!Ca m'a sauvé la mise plusieurs fois,quand j'étais un peu"juste" et que je ne pouvais pas attendre le mois suivant pour acheter le reste du matériel.
  Je suis bien conscient de n'avoir rien inventé dans mon principe de restauration,et il est bien possible que j'aurais pu m'y prendre autrement pour y passer moins de temps,mais je suis fier de"l'oeuvre finale" et du boulot que j'y ai effectué.Rien de l'ensemble de cette petite coque ne m'a échappé,et tout ce que j'y ai fait a été validé par des pros,au prés desquels je n'ai pas hésité a demander conseil.Je sais que "la Mauresque" est maintenant un bateau trés costaud,qui n'a pas perdu de son charme,bien au contraire,et en tout cas c'est réparti pour elle pour au moins 25 ans!

Et pour ce qui s'agit de moi,cette expérience m'a donné un métier que je pratique toujours avec passion!

Il était temps dorénavant de s'occuper des deuxièmes et troisièmes plis.On était fin juillet et la canicule battait son plein!Mon soucis,je l'ai appris à mes dépens sur le moment,était qu'avec cette chaleur,les soixante kilos d'époxy(charge noncomprise),que j'avais prévu de tartiner sur la coque pour souder les deux couches de contreplaqué de quatre millimètres ne seraient pas suffisants si je ne prenais pas les précautions nécessaires à leur préparation...
  En effet,lors de ma première tentative,j'avais prévu qu'avec un dosage de 750 ml de résine pour ma préparation devait normalement me permettre de coller quatre lattes et pouvait largement tenir une heure,même avec cette chaleur.En fait,ma première latte encollée,je n'avais pas le temps de me retourner que le pot de colle se mettait à fumer comme une locomotive et la solution était bien-sûr fouttue!A la quatrième tentative(je suis un peu borné...),j'avais déjà quatre pots tout neufs complètement irréutilisable(au prix où ça coute ça fait mal!) et les trois quarts de ce que j'avais préparé,était parti à la poubelle(mêmeremarque pour le même motif!).
  Il était donc temps d'arrêter là et de réfléchir à une autre méthode!!!
Et voilà comment j'ai procédé:-d'abord sur un échantillon d'une douzaine de lattes couvrant sur à peu prés un mètre cinquante(je procédait aprés essai concluant,demi-face par demi-face),j'ajustait mes lattes de 12cm de large et les fixait l'une aprés l'autre provisoirement avec quelques agrafes,ceci sans les coller.
                                      -je les numérotais pour plus de précautions,et j'en retirais quatre aprés la première,qui elle servait de repère pour le départ.Je prenais soin de retirer les agrafes provisoires,et je tartinais de colle la surface concernée(la préparation de la colle est très simple:une solution de résine époxy et son durcisseur-lent de préférence,selon l'époque de l'année,on y met de la poudre de silice jusqu'à avoir la concistance d'une crème "mont-blanc,un peu de fibre broyée pour rendre tout cela consistant, et le tour est joué!)
                                     -je pouvais maintenant refixer les lattes à leur place en prenant soin d'intercaller entre la latte et l'agrafe une petite calle de contreplaqué de 4mm(4cm/4cm),qui me servirait à retirer toutes les agrafes une fois la colle polymérisée.Cela évitait de plus les marques que peuvent laisser le percuteur de l'agrafeuse,ce qui est ça de moins de mastic à faire aprés!

Première phase:les lattes sont ajustées les unes aux autres"à blanc",c'est-à-dire sans colle.Ce travail pour cette surface me prenais une journée tout seul.























Voici maintenant le résultat de quatre jours de travail toujours tout seul.Les lattes sont ajustées et collées,les mastics de finitions effectuées,et bien entendu,il ne reste plus une seule agrafe.(2ème pli babord)

Etant donné que je mis plus d'un mois à réfléchir à cette méthode,et surtout,il m'a fallut repenser mon budget:j'avais en vérité trente kilos d'époxy et huit planches de quatre millimètres en stock,il m'en fallait le double pour terminer le travail...j'ai encore pu bénéficier d'un de ces petits coups de mains qui m'ont permis de boucler mon budget moyennant un peu de sueur en échange...
Bref,début octobre,"la Mauresque" portait fièrement ses trois plis de contreplaqué-moulé-époxy!
  Le bateau était sauvé,mes le chantier était loin d'être bouclé!...























Début octobre, "la Mauresque" porte fièrement ses trois plis de contreplaqué-moulé!

Il y avait encore tout à faire,finalement,et mon grand tort c'est de ne pas avoir de photos de ce qui s'est fait aprés.Ce bateau a été refait costaud et dans les règles de l'art parce-que je voulais partir en solitaire avec assez loin.Je ne voulais m'embêter avec ce genre de travaux qu'une seule fois:avant de partir!

Ces petits suppléments de travaux,je ne les avez vraiment pas prévus,ni en budget,ni physiquement...Je cassais donc une seconde fois la tirelire pour acheter le bois ,la visserie,etc... de mon futur pont...Et oui,disons que dans l'état où il allait être mis,autant l'enlever et en refaire un neuf en effectuant quelques modifications(soutes arriére accessibles depuis l'extérieur,pièce d'étambot complètement pourrie,ça non-plus je ne l'avais pas prévu...).Jecommençais donc par attaquer la préceinte babord,mais je ne savais pas encore que tout ce boulot m'attendait en aval....

J'attaquais doucement le démontage de la préceinte babord...

Voyant donc l'état du pont,je décidais sans scrupule de le démonter en même tempsque les préceintes.puis arrivé au cockpit,tout cela m'aparaissant dans un état moyen,je décidais lui aussi de le sortir,et plus j'en démontais plus j'en avais encore à démonter!Je ne savais plus où tout cela allait s'arrêter...
  Sans compter que dans ces moments-là,il se trouve toujours des gens bien intentionnés pour te dire des "hola-la,mais tu n'y arrivera jamais!",ou des "tu n'aurais pas mieux fait de le jeter à la poubelle et d'en racheter un autre?"!
Ca a mis le temps que ça a mis,mais j'ai traqué chaque coin de pourriture,soigneusement réparé,et tout cela m'amena à faire des 12 ou 14 heures par jour en pleine canicules!Je buvais et retranspirais jusqu'à un pack d'eau minérale par jour!Mais petit à petit,toute la structure fut entièrement révisée,j'étais le roi de la scarf en"trait de Jupiter"!

Une préceinte réparée,avec liaison en trait de Jupiter
Toutes les parties des serres de bauquière (comme la préceinte,mais à l'intérieur de la coque),des têtes de membrures (structure transversale),et les barrots de pont réparés,je pouvais enfin réparer mes préceintes et envisager la reconstruction du pont.ah, ben non,il restait encore un détail,et pas des moindres:la pièce d'étambot en chêne massif était sérieusement pourrie...
Ne trouvant pas de chêne dans les environs ,j'ai refabriqué la pièce en lamellé-collé d'iroko,et même ce bois assez courant a été difficile à trouver.Plus exactement,l'un des seuls marchands de bois en disposant m'a fait la belle blague de me vendre une autre essence (du niangon) pour le bois convoité!Vous savez,il en va des bois exposés dehors comme des chats la nuit:ils sont tous gris!!!Donc quand j'ai découpé la première pièce et qu'à la place de cette sciure jaune et silicieuse,est sortie de ma machine une sciure rose et plûtot grasse,je n'en croyais pas mes yeux!J'ai bien entendu rendu le bois à son propriétaire avec les vocifération qui sont d'usage!,mais ensuite ça été le parcours du combattant pour trouver un bois de cette essence de bonne qualité...

Les préceintes sont posées,la structure prête à recevoir
son nouveau pont,dès que l'on aura réglé le problême de la pièce d'étambot...

Tout ça nous amenait gentiment au mois de juillet 2003,au plus fort de la canicule,c'est à cette époque qu'un pack d'eau par jour m'était sacrifié!Et la couleur rouge-brûnatre que prenait mon dos fit craindre à mes amis que je finisse par m'embraser un jour et ils m'apportèrent un miniscule parasol qui me gênait plus qu'autre chose au beau milieu de mon chantier,mais qui sauva un bon nombre de mes solutions de résines époxy chargées(ma colle fait-maison)!
Fin-juillet ,le pont était en place,ainsi que le cockpit et au beau milieu de tout ça,la pièce d'étambot!

A droite,la pièce d'étambot neuve en lamellé-collé;A gauche,le pont arrière et le cockpit justes terminés.

Lorsque j'ai "retroussé la jupe" de "la Mauresque"(cette immonde bâche verte qui faisait faire un écart aux promeneurs,certainement en grande partie à cause de l'épaisse fumée odorante que vomissait le conduit de "Belzébuth",et qui faisait croire à l'imminence d'un incendie...),je me suis aperçu de deux choses:ma coque n'avait plus ce charmand galbe continu qui faisait la fierté de cette modeste carène;de derrière comme de devant,les facettes que révélaient mes nouvelles lattes trahissaient un certain manque d'esthétique,et pour sûr, le deuxième pli aurait du mal à épouser ce mauvais support sans l'aide d'une quantité astronomique de colle,ce qui n'est pas concevable!La deuxième chose était qu'entre chaque latte ,il y avait des "jours" plus ou moins important(en deça du demi-centimètre,n'éxagérons tout de même pas!),et j'imaginais les paquets de colle qui pouvaient "dégueuler"  de l'autre coté,à l'intérieur de la cabine.
  Je "gréais" donc mes "armes d'agent finisseur",passant deux bonnes journées à rendre cettec carène à peu prés ronde,et mastiquant quelques cent-trentes metres de jointure,et deux-milles-cinq-cents trous de vis...
Une bonne couche de résine époxy pure par dessus tout ça,et le support était fin-prés!

Cette fois-ci,on peut admettre que le 1er pli est terminé!

Je pouvais donc attaquer le coté babord,c'est-à-dire,déménager la bâche,le poêle(pour peu de temps),et commencer les travaux.
Le nouveau tribord de "la Mauresque" étant maintenant exposé à la vue des curieux,je ne cessais maintenant d'être interrompu par les importuns qui,trouvant l'ouvrage de belle qualité(ah,les jolis bois vernis...),ne comprenaient pas où était la partie "rentable" de ce chantier...Il est difficile d'éconduire les gens et rester poli,mais je me suis toujours fait un devoir de l'être,usant cependant souvent d'ironie et décidé de plus belle à terminer ce projet quoiqu'il m'en coûte!Au moins pour rabattre le caquet de ces imbéciles!...
En mai de cette année 2003,le premier pli était intégralement terminé,prés à recevoir le deuxième pli,sauf que...sur les 2 cotés la préceinte était pourrie sur toute la partie arrière!

La premier pli est bien fini,mais la préceinte étant abiméé,le pont va y passer...

Et cela engageait à au moins découper une partie du pont,voir le changer...Et ça je ne l'avais pas prévu!

Mais bon,à se poser trop de question,on finit par ne rien faire.Ayant fait une brève estimation de ce qu'il me fallait comparé à mes maigres économies,je m'apercevait que je n'avais pas le droit à trente-six chances;je n'était pas sûr d'arriver au bout de la première!...
Malgré tout,cela ne me décourageait pas,et comme ce bateau était ma seule maison,j'estimait n'avoir rien à perdre!
J'avais imaginé le chantier en 3 temps:-1er temps,construire un abri pour travailler relativement au sec
                                                -2ème temps,construire un poêle à bois pour travailler au moins au"tiède"(surtout pour les produits,rappelez-vous qu'on était en décembre,avec un régulier -3/-4°C)
                                                -3ème temps,acheter les matériaux pour la premiére couche de bois,et inch'allah pour la suite...

Bienvenue à l'atelier"La Mauresque",avec son poêle à bois intégré(on voit a droite la cheminée qui sort de la bâche!)
A cette époque,j'était,au chômage et je peux dire que c'est avec l'argent de mes allocations que j'ai pu refaire la coque de "la Mauresque",certes en mangeant souvent des pâtes,mais à 27 ans ce sont de petites privations largement surmontables!
Pour en revenir aux faits,dés janvier,mon"abri" était construit,avec à l'intérieur un magnifique poêle à bois en inox fait-maison(qui a par la suite intégré le bord,puis a été transformer pour chauffer au charbon!,pour finir dans une rigolote cabane de chantier où il fonctionne encore aujourd'hui!),baptisé"belzébuth".
Ce nom ne lui a moins été donné pour la chaleur qu'il produisait que pour les frayeurs et les"enfumades"qu'il me faisait!Plus d'une fois je suis sorti toussant,suffocant de ma cabane en bâches,et même par 2 fois les sourcils et la barbe soigneusement roussis par un retour de flammes à l'allumage!!!
Mais j'ai fini par le domestiquer,et je n'ai franchement jamais eu à me plaindre des 15°C minimum qu'il me donnait.
                                                                                                   
   






















"Belzebuth"dans son"antre",la bouilloire sur sa tête toujours prompte à donner du café chaud aux amis et curieux qui osaient rentrer!

En tout cas,le travail allait bon-train,et je ne savais pas vraiment où j'allais mais j'y allais!
Le principe de la construction en bois-moulé est tres simple:le but est de superposer plusieur couches de bois de fine épaisseur pour qu'elles épousent les galbes et les formes imposés par l'objet,en l'occurence ici, la coque,le role de la colle étant prépondérant,puisque c'est elle qui assure l'indéformabilité de l'objet.
En ce qui nous concerne ,l'autre avantage d'une construction en bois moulé pour une coque,c'est que le produit est auto-structurel;d'où gain de poids sans y perdre au niveau solidité,bien au contraire!
Pour ma part,j'avais choisi de procéder en 3 plis.Le premier,épais de 8mm,serait posé horizontalement sur le "squelette" en acacia et chêne.Il me fallait donc avant tout sortir toutes les lattes de la "vieille" coque,vérifier que la structure en dessous était saine,opérant si nécessaire,pour poser la base de la "nouvelle".Ensuite,on agraferait sur ce support des lattes de 4mm d'épais enduites de colle-époxy,disposée à 45° de l'horizontale,ce qui formerait le 2ème pli.Sur le même principe on poserait le troisième pli perpendiculaire au second.
Donc,tous les matins,je commençais au lever du jour,passant mes journées à mon "nouveau boulot",la plupart des samedi et des dimanches compris!J'avais mis la tête dans le guidon,et je ne la relevais que lorsque j'ai estimé "laMauresque" sauvée.Mais ces journées se finissaient rarement avant 20heures,et plus d'une fois j'ai laché prise vers les minuits et demi/une heures du matin!
Je pensais au début enlever toutes les lattes d'un côté,le remplacer,et idem pour l'autre.Finalement,je crois que j'ai eu peur de "désintégrer" le bateau en faisant ainsi,et j'ai opté pour enlever et remplacer une latte aprés l'autre.Le résultat,c'est qu'à l'intérieur aujourd'hui,ce qu'on voit de la coque ce sont les mêmes lattes bananées,que le bordé original.Ce qui n'enlève aucun charme à ce bateau,bien au contraire!

Voici les trois premiére lattes neuves du 1er pli,identiques à celles d'origines que j'avais oté.

Je m'étais fixé pour but de sortir une latte par jour,et de la remplacer le lendemain.Seulement,une latte est retenue par 150 à 200 rivets en cuivre,et si la zone n'est pas pourrie,le bout de bois ne se sort pas tout seul!
Mais en général,j'arrivais à garder cette cadence,quitte à finir à une heure du matin comme je l'expliquais.
Ensuite je faisait mon gabarit de la latte que je venais de sortir,la coupait et la présentait,quelques réajustements,et je démontais la latte au dessus.Seulement aprés je pouvais fixer ma latte neuve,car il me fallait toujours un espace libre pour démonter la prochaine latte sans abîmer la partie neuve.

A la fin je commençais à maitriser ma technique,la moyenne tomba à une latte remplacée par jour,moyennant ruse!

Et un jour,comme par magie,la première moitié de coque fut terminée!On était encore loin de "l'oeuvre" que j'imaginais,mais c'était déjà une première victoire pour l'autodidacte que j'étais.De plus,tout ces petites erreurs que j'avais pu commettre lors de cette premiére phase,me donnait la leçon et allait m'aider pour la suite!
Seulement,les fonds allaient commencer à manquer...et comme par miracle,on me proposa,en échange d'un petit boulot,de me donner le petit coup de pouce qu'il me fallait pour poursuivre.J'ai donc abandonné mon chantier quelques semaines pour le reprendre avec plus d'entrain et de foi!

Et une demi coque terminé,une!quoique...

Seulement,à mon retour,en regardant bien,cette demi-coque,je pris concience qu'avant d'attaquer de l'autre côté,il y avait tout un tas de petit détails à paufiner,et moi les détails...

La première chose à faire avant toute action intempestive,était de sortir "la Mauresque" de l'eau.
Et là,j'en appelle à tous les propriétaires de bateaux,celà fait quelque-chose de voir son"bébé"suspendu aux élingues de la grue,s'envolant au dessus des mats des autres voiliers vers la terre ferme!

Ce moment d'émotion a été,pour moi,assez bénéfique,et en tout cas,m'a oté tout envie de couper en petit morceaux ou d'abandonner mon cotre!
En attendant,j'ai laissé reposer l'affaire 2 bonnes semaines(on était en hiver,précisément fin décembre 2002).
Puis je me suis mis au travail,d'abord à faire l'inventaire des dégâts,puis à décider comment j'allais faire avec mes faibles moyens pour rafistoller tout ça!
Pour ça je me dois de dire un grand merci aux peu de gens qui ont cru à ma réussite,m'ont donné quelques bons conseils,mais surtout qui n'ont pas essayé de me décourager,eux!!!
Bref,la seule solution qui s'ajustait à mon petit budget,était...de tout casser pour tout refaire!!!
Et oui,le calcul est simple,à essayer de réparer,c'est-à-dire,remplacer le plus atteint et garder ce qui sera àchanger certainement quelques temps plus tard,coûtera finalement plus ,pour sûr en temps!
D'autre-part,un des impératifs était de rendre cette partie du bateau exempte de tout entretien(ormis le carénage,bien-entendu),comme peut l'offrir une unité en polyester(on ne parlera pas de l'osmose,c'est un sujet prompt à beaucoup de polémiques...)
Le polyester,il n'en était pas question,il ne pouvait en être question,la mise en oeuvre étant trop lourde,et il ne s'agissait pas de refaire un bateau neuf,mais bien de restaurer l'ancien!
Mais quoi d'autre,alors?
Quelques temps auparavant,j'avais lu la fabuleuse épopée de Poncet et Janichon sur leur "Damien" en bois-moulé.Je connaissait les qualités mécaniques de ce procédé,sa solide réputation,sa relative rapidité de mise en oeuvre,mais aussi le coût des matériaux utilisés!...

Le procédé du bois-moulé adapté pour "la Mauresque",ancien cotre à bordé classique.

Il faut savoir que le bois-moulé se fait avec en général de l'acajou tranché de 4à5mmpour le bois,et de la colle résorcine ou époxy pour le liant.Je travaille depuis assez longtemps avec les résines époxides,et je sais que pour être efficace en tant que colle,il vaut mieux que le support soit relativement bien pénétrable.De plus,cette résine étant relativement peu souple,il vaut mieux éviter de l'utiliser sur un matériau peu stable ou trop vivant comme c'est le cas de beaucoup de bois massifs.Et à ma connaissance,le seul bois à peu prés stable,imprégnable à souhait,de bonne tenue,et relativement peu onéreux est le contreplaqué extérieur"ctbx"(norme française) tout oukoumé!
Le seul problême,c'est que personne n'a jamais pu me renseigner sur le fait que quelqu'un d'autre ait essayé ce type de restauration en "contreplaqué-moulé,collé époxy",et je partais un peu vers l'inconnu... 

Que faire lorsque son joli bateau,accusant le poids des ans,finit doucement,mais surement par se disloquer?!
Cette question je me la suis posée,après avoir passé un tournevis à travers les 22 mm d'acajou de mon cotre"la Mauresque",lors d'une vérification de l'état du bordé!
Imaginez-vous bien que cette partie pourrie découverte(depuis l'intérieur),trahissait la présence d'autres
zones atteintes!

          
Cette photo a été prise 3semaines aprés avoir mis le bateau à sec,le bois en séchant à l'air libre,s'est mis à se disloquer littéralement!

En fait,plus de la moitié du bordé était malade,c'est-à-dire,et on le retrouve sur beaucoup d'unité en bois malades,toute la partie sous le cockpit,la latte de galbord(la liaison entre la quille et la coque),et la latte qui se trouve au niveau de la ligne de flottaison(les algues de surface et le soleil font du bon boulot à cet
endroit!)
J'avoue qu'à la découverte de ce désastre,j'ètais assez désabusé!En fait,j'hésitais entre donner le bateau en l'état,et le bruler!!! Heureusement,j'ai trouvé une autre solution,et là je peux dire merci aux produits modernes!...